Le 8 octobre 1943, 17 résistants du Groupe Chanzy étaient fusillés au stand de tir des Groues, à Saint-Jean-de-la-Ruelle. Cet assassinat est le plus important perpétré dans l’agglomération sous l’Occupation. Comme chaque année, une cérémonie est organisée en hommage à leur mémoire et à celle de 21 autres résistants et patriotes, tous victimes de la barbarie nazie.
Occupation reste une période sombre de notre histoire. Dans le Loiret, envahi par les troupes allemandes dès la mi-juin 1940, elle dura plus de quatre ans. Plus de quatre longues années vécues sous le régime autoritaire et collaborationniste de Vichy (ou « État Français »), et marquées par la répression féroce des nazis.
De son côté, la Résistance se structure progressivement, avec de faibles moyens. C’est ainsi que le 3 décembre 1942, le groupe de combat « Chanzy » est créé sous l’égide du PCF. Composé de 24 jeunes FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) ce groupe est organisé en deux sections (Orléans et Bonnysur- Loire) et est commandé par Maurice Jenot, imprimeur de Tours. Sa mission est de lutter
contre l’occupant et le gouvernement de Vichy sur l’ensemble de la région d’Orléans, et d’aider les maquisards et les réfractaires au
S.T.O. (Service du Travail Obligatoire). Très rapidement, ce groupe s’illustre dans de nombreuses actions : coupure de câbles téléphoniques, déraillement de trains sur la ligne Paris-Vierzon, neutralisation du pont canal de Briare, attaques de soldats de la Wehrmacht afin de leur subtiliser leurs armes, attaques de trois mairies – dont celles de Saran – afin de se procurer des formulaires de pièce d’identité et des tickets de rationnement. Les membres du Groupe Chanzy tentent également d’exécuter Marcel Déat, créateur en 1941 d’un parti d’extrême droite (le RNP) et dirigeant à l’époque de « L’OEuvre », journal collaborationniste et antisémite. Cet attentat manqué va renforcer la traque des résistants par la gestapo et la police française, aux ordres du « régime de Vichy ».
Le massacre des Groues, un crime de guerre
Maurice Jenot, commandant du Groupe est le premier à être arrêté le 26 mars 1943 en gare d’Orléans, où il est reconnu et dénoncé par son ancien patron avant-guerre. Dès lors, les guets-apens et les arrestations s’enchaînent. Guy Vergracht, 21 ans, mécanicien et benjamin du groupe, tombe le 4 avril. Un autre membre, arrêté à Bonnysur- Loire, trahira ses camarades résistants. Au total, 18 membres du
Groupe Chanzy sont arrêtés par la police française. C’est un coup dur pour la Résistance. Interrogés et torturés pendant plusieurs
jours dans les locaux de la police, les 18 résistants sont transférés à la prison d’Orléans. Ils seront « jugés » à partir du 30 septembre par un tribunal nazi. 17 d’entre eux sont condamnés à mort. Marcelle Rivière, la seule femme du groupe est condamnée à 10 ans de travaux forcés. Elle mourra en déportation au camp de Ravensbrück, à l’âge de 45 ans. Les 17 condamnés à mort, dont son mari Fernand, sont aussitôt conduits à la prison militaire, rue Eugène-Vignat. Malgré les interventions du préfet Bussière, qui plaide en faveur des résistants, dont notamment Marcel Pilongery, 38 ans, cheminot, et Améla Pascual, 27 ans, républicain espagnol, le « jugement » est confirmé le 7 octobre 1943 par le conseil de guerre nazi. Le massacre des 17 résistants du Groupe Chanzy aura lieu le lendemain, le vendredi 8 octobre, entre 7h et 7h40 au stand de tir des Groues. Devant le peloton d’exécution, ils crieront tous ensemble « Vive la France ! ». Leurs corps mutilés seront ensuite dispersés par leurs assassins et enterrés à la hâte dans les cimetières d’Ormes, Chaingy, Ingré et Saran, sans la moindre mention.
Le premier hommage public rendu aux fusillés des Groues aura lieu le dimanche 8 octobre 1944 à Orléans, au monument de la Victoire. En souvenir de ces 17 résistants morts pour la France.
• Arnaud Guilhem